La montée du tribalisme : s'élever au-delà de la division

Dans un de ses livres, Non-Deux est Paix, le grand maître spirituel Adi Da Samraj met en lumière une illusion destructrice qui alimente souffrance et conflits : le tribalisme. Ce phénomène repose sur l’idée que l’humanité est divisée en groupes opposés, chacun cherchant à défendre ses intérêts contre les autres. Cette mentalité de séparation nourrit la peur, la méfiance et l’affrontement, fragmentant nos sociétés et rendant impossible toute véritable coopération.

Cette séparation est une illusion issue d’un mode de survie ancré dans l’ego, qui interprète le monde comme un champ de menaces et de rivalités. En réalité, vivre sous l’emprise du tribalisme, c’est vivre sous l’emprise du mental. Celui-ci nous enferme dans des schémas de peur et de défense, nous faisant croire que notre sécurité dépend de l’exclusion et de la confrontation. Cette vision fragmentée nous éloigne de l’expérience directe de l’unité et de l’ouverture à l’autre.

Pourtant, tant la physique moderne que les traditions spirituelles s’accordent sur un point fondamental : tout est interconnecté. En nous identifiant à la vision tribale du « nous contre eux », nous perpétuons inconsciemment les dynamiques de confrontation et de rejet, alimentant ainsi un monde dominé par la compétition plutôt que par la coopération et l’unité. Ce phénomène est amplifié par les médias, les réseaux sociaux, la désinformation et les discours politiques polarisants qui favorisent la division. Pourtant, les réseaux sociaux pourraient aussi être utilisés autrement : ils ont le potentiel de devenir des espaces de dialogue et de compréhension, si nous choisissons d’y interagir avec plus de conscience et d’ouverture. 

Un tribalisme destructeur et une urgence d’agir

Si le tribalisme a toujours existé, il n’a jamais été aussi amplifié qu’aujourd’hui. L’essor des réseaux sociaux a exacerbé ce phénomène en créant des espaces où les idées polarisantes se propagent instantanément. En conséquence, cette fragmentation alimente des crises globales telles que les conflits, les guerres et les inégalités croissantes. Chaque groupe cherchant à défendre ses propres intérêts sans considération pour le bien commun, nous perpétuons un modèle de compétition qui fragilise l’équilibre global

Nous croyons, à tort, que notre sécurité passe par l’exclusion ou la domination. Pourtant, cette approche ne fait qu’amplifier la fragmentation du monde. Chaque pensée et action fondée sur la séparation alimente ce cycle destructeur, renforçant divisions et conflits. À l’inverse, reconnaître notre interdépendance permet de briser cette dynamique et d’encourager la coopération, la tolérance et la paix. Nos choix façonnent la réalité collective : cultiver une conscience d’unité n’est plus une option, mais une nécessité.

La solution : dépasser l’inconscience tribale pour incarner une conscience plus vaste

Le tribalisme correspond à un stade d’inconscience individuelle et collective, où les actions sont dictées par la peur et la séparation plutôt que par une compréhension plus vaste de notre interconnexion. Ainsi, la seule issue est une transformation intérieure et collective vers une conscience plus élevée, capable de dépasser ces conditionnements et d’accueillir une vision du monde fondée sur l’unité. Nous ne sommes pas des entités isolées en compétition, mais des expressions d’une même réalité interconnectée.

Mais comment reconnaître, dans notre quotidien, lorsque nous sommes sous l’emprise du tribalisme ? Une pratique simple consiste à observer nos réactions face aux désaccords ou aux conflits :

1. Pause et respiration – Lorsque nous ressentons une montée de tension, une réaction défensive ou un rejet instinctif d’une idée, faisons une pause. Prenons une respiration consciente et profonde pour interrompre le conditionnement automatique.

2. Observer notre état intérieur – Sommes-nous en train de réagir par peur, par volonté de dominer, ou par identification à un groupe ? Ressentons-nous un besoin de prouver que l’autre a tort ?

3. Changer de posture – Plutôt que de nous enfermer dans un réflexe de confrontation, posons-nous la question : « Que puis-je apprendre ici ? Suis-je en train d’écouter pour comprendre, ou pour réagir ? » Cette prise de conscience suffit souvent à désamorcer l’opposition et à ouvrir un dialogue plus authentique.

   
   

L’objectif n’est pas de nier nos opinions ou nos appartenances, mais de cultiver une conscience plus vaste, capable d’accueillir la complexité du monde sans s’y enfermer. En pratiquant cette approche au quotidien, nous créons un espace intérieur propice à l’unité plutôt qu’à la division.

Nous ne pouvons plus fermer les yeux sur les dangers du tribalisme et ses effets destructeurs. Reconnaître son emprise sur nos pensées et nos actions est le premier pas vers une transformation véritable. En adoptant une posture d’ouverture et de coopération, nous participons à l'émergence d’une société fondée sur l’unité plutôt que sur la séparation. Notre bien-être commun devrait venir en premier lieu, car notre équilibre individuel dépend de notre unité en tant qu’êtres humains. L’urgence n’est pas abstraite, elle est immédiate. Tout commence ici et maintenant.

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